Projet Séminaire doctoral de Transversales Journée d’études doctorale organisée à Dijon (Université de Bourgogne) le 19/03/2015 Organisateur(s) : Maraszak Julie, Talpin Camille Centre(s) organisateur(s) : Centre Georges Chevrier-UMR CNRS uB 7366
Référence électronique : Maraszak Julie, Talpin Camille (organisateurs), 2015, Entre confrontation, reconnaissance et/ou rejet : les différentes formes de l’altérité [en ligne], journée d’études doctorale, Dijon, Université de Bourgogne, disponible sur https://lir3s.u-bourgogne.fr/phonotheque/m-155, page consultée le 02/12/2024
Présentation de la manifestation
Cette Transversale se propose d’interroger les différents rapports qui peuvent intervenir entre un sujet et ce qui s’oppose à lui, ce qui lui est étranger, par conséquent à ce qui est autre. En effet, l’être humain, en tant qu’individu, se définit et se construit selon un système d’interactions diverses avec les autres. Cependant, plusieurs sentiments paradoxaux peuvent se dégager de ce rapport avec l’altérité. La rencontre – l’approche – avec cet Autre peut conditionner le choix d’une attirance et/ou d’un rejet à l’égard de celui-ci. Si la reconnaissance s’engage, alors l’empathie, le partage, un processus d’identification de soi ou l’altruisme pourront être des formes de rapports qui se développeront en présence de l’Autre. Au contraire, si la confrontation est investie d’une situation de conflit ou d’une volonté d’assoir une autorité sur cet Autre, alors un processus de rejet pourra s’engager, teinté d’une mise à distance, d’antipathie ou d’égoïsme. Ces réflexions seront donc communes à certains sujets de thèse traités par les doctorants du Centre Georges Chevrier et des disciplines aussi diverses que l’histoire du droit, la musicologie, la sociologie ou la philosophie se proposeront d’aborder quelques problématiques relatives à cette thématique de l’altérité. Ainsi, les différentes communications aborderont les questions de l’image que nous avons de l’Autre, de la nécessité de se confronter à l’altérité pour la construction d’une identité singulière ou des différents mécanismes qui s’engagent avec les autres dans les rapports d’intersubjectivités qui rythment inévitablement bon nombre de liens sociaux. Il s’agira ainsi d’observer la transversalité et l’interdisciplinarité que la notion d’altérité peut engager, mais aussi de nourrir les échanges entre les disciplines qui seront représentées dans cette Transversale.
Il s’agira d’interroger le rapport qui s’est établi entre les Bohémiens et les magistrats chargés de leurs procès en Lorraine au cours du XVIIIe siècle. Il conviendra d’abord d’identifier chaque figure – celle des Bohémiens et celle des magistrats –, chacune constituant une figure de l’altérité pour l’autre. Ces deux figures ont par ailleurs été réunies dans une confrontation directe à travers l’interface que sont les interrogatoires dont l’analyse permet de mieux percevoir la manière dont les Bohémiens envisageaient la loi à laquelle ils étaient soumis à travers la figure du juge et, inversement, d’observer la manière dont ce même juge percevait les Bohémiens, objet de leurs procédure. Ainsi, à travers la confrontation, il conviendra d’étudier le double comportement de rejet et/ou de compréhension qui a pu s’accomplir envers l’Autre que représente chacune des parties pour l’autre d’entre elles, chacune vivant par ailleurs selon un système de valeurs qui lui est singulier.
Alors qu’un même morceau symphonique peut être appelé à être joué par des interprètes différents et être dirigé par des chefs d’orchestre différents eux aussi, la partition restera la même, l’harmonie et le tempo également. En revanche, il est notable de constater que l’interprétation, que l’on pourra juger à l’écoute de l’enregistrement du morceau, sera bien différente en fonction des interprètes et du chef d’orchestre qui en auront été les acteurs. La communication s’intéressera essentiellement au chef d’orchestre, qui, malgré une partition et une orchestration similaires à celles d’un autre, sera très différent d’un autre. Il s’agira de voir comment cette altérité engage par conséquent une interprétation nouvelle et innovante du morceau dirigé par le chef d’orchestre et joué par les musiciens. Il s’agira aussi d’expliquer en quoi il peut parfois être nécessaire que cette altérité s’impose en matière de direction et d’interprétation musicale et comment celle-ci se caractérise à travers le choix d’une œuvre qui sera alors commentée.
À travers l’étude de la prise en charge des malades d’Alzheimer, il s’agira d’interroger, d’un point de vue sociologique, en quoi l’intervention des Autres – les professionnels de la maladie et les aidants familiaux – auprès des malades est essentielle dans cette prise en charge. En effet, chacune de ces figures de l’altérité intervient selon une trajectoire qui lui est singulière et qui se confronte ainsi inévitablement à celle mise en place par les autres acteurs intervenant dans la prise en charge. Il est cependant pertinent d’observer la manière dont les malades eux-mêmes développent des stratégies d’adaptation à l’égard de ces Autres qui les accompagnent dans l’évolution de la maladie, mais aussi d’étudier les mécanismes sociaux qui opèrent au sein de cette triade – malades, professionnels et aidants. En effet, chacun va se confronter à un Autre et devra se positionner à son égard.
Certaines idées anthropologiques et morales développées par Primo Levi dans son œuvre majeure, Si c’est un homme, apparaissent comme une continuité assez explicite des idées philosophiques avancées par Blaise Pascal au XVIIe siècle. En effet, Levi semble reprendre, dans sa vision de l’être humain pris dans le cadre des camps de concentration, la problématique posée par le philosophe relative au pari sur l’existence de Dieu. Dans le contexte des camps de concentration, chacun est presque nécessairement amené à s’interroger sur la manière dont il entend survivre à la misère et au désespoir, caractéristiques de ces lieux. Davantage encore, le témoignage de Primo Levi interroge sur la manière dont certains parviennent à survivre dans un monde où toute idée d’humanité n’existe plus et comment d’autres ont également choisi une forme d’optimisme illusoire. Il s’agira d’observer la manière dont chacun, malgré des comportements autres et une confrontation et une proximité avec une attitude différente de la sienne, développe une croyance et des modalités singulières de survie dans ces camps.