Rythmes de l’histoire, périodicité du temps. Autour du livre de Jean-Claude Schmitt « Les rythmes dans l’histoire »

En présence de l’auteur, Jean-Claude Schmitt (directeur d’études à l’EHESS, Paris), Angélique Ferrand (doctorante en histoire de l’art médiéval, Centre Georges Chevrier) et Daniel Russo (professeur en histoire de l’art médiéval, Centre Georges Chevrier) discutent de son dernier ouvrage paru sur Les rythmes au Moyen Âge (Paris, Gallimard, 2016, 718 p., 122 figs. coul.). Des rythmes du monde globalisé, qu’annonçait faiblement le Charlie Chaplin des Temps modernes, jusqu’à l’arythmie du Pays de Cocagne peint en 1567 par Pieter Brueghel l’Ancien, au fil de six journées et d’un épilogue, qui sonnent comme dans la Genèse, Jean-Claude Schmitt fait surgir des questions qui touchent à l’espace et au temps dans lesquels nous vivons et qui mettent en jeu l’ontologie du vivant, à l’égal de ce qu’il abordait dans son livre sur L’invention de l’anniversaire (Paris, Arkhè, 2012). Dans une « histoire transversale », du IV^e siècle au XVIe siècle, ainsi qu’il l’écrit, et qui change du point de vue adopté dans ses micro-histoires, Le saint lévrier (1979) et La conversion d’Hermann le Juif (2003), des questions surgissent qui taraudent le lecteur, quel qu’il soit, et jusqu’à aujourd’hui : comment naissent et changent les rythmes ? ; comment des individus et des groupes se construisent-ils pour devenir « des êtres rythmiques », dans le cours de leur vie de tous les jours ou dans leur imaginaire, au gré des différentes pratiques sociales qui sont les leurs ? ; comment des rythmes survivent-ils à l’arythmie, voire à la menace de destruction ? Dans le Livre par excellence, la Bible, rhythmus, le rythme, n’est pas mentionné et il a, pourtant, ouvert, toute large, la compréhension médiévale, puis moderne, du monde et des hommes. Alors, que penser ? Et que voir ?