Un moment intellectuel à travers ses figures et ses objets d’étude

Au cours de notre rencontre nous poursuivons notre enquête sur les années charnière d’un moment intellectuel, entre la seconde moitié du XIXe siècle et le premier XXe siècle, en approfondissant, tout d’abord, à partir de l’enseignement philosophique d’Émile Boutroux (1845-1921) à la Sorbonne, en particulier son cours sur Emmanuel Kant (1724-1804), les principes d’une formation tournée vers les idées et l’encyclopédisme, mais très largement ouverte sur son temps présent. Nous retrouvons, en la dépassant et en changeant de modes d’approches, d’une certaine façon les ambitions du « Grand Siècle », celui de François-Roger de Gaignières (1642-1715) et la volonté d’embrasser le monde dans une collection, comme pour en dresser l’inventaire universel.

Puis, à l’aide d’une source fondamentale, celle des correspondances échangées entre les savants, nous réfléchissons aux rapports tissés par Salomon Reinach (1858-1932), surtout le vieux maître écouté de ses disciples et de ses contemporains, dans un environnement international de plus en plus difficile, et par Paul Alphandéry (1875-1932), lisant son œuvre et l’invitant à donner des conférences à l’Université populaire de Montmartre, dont il s’occupait, au Congrès international d’histoire des religions tenu en 1923, ou encore à la Société Ernest Renan.

Nous rouvrons, enfin, deux débats fondamentaux pour le « moment 1900 », celui d’une histoire de l’art chrétien et de ses possibles développements, avec l’exemple de l’Italie, à travers la polémique ayant opposé Baldassare Labanca (1829-1913) à Adolfo Venturi (1856-1941), et celui de l’objet à partir des prises de position et des travaux d’Aby Warburg (1866-1929).

Retraversant un espace européen cosmopolite, en crise cependant, nous nous proposons de compléter et d’affiner ainsi la première esquisse que nous avions projetée lors de nos deux journées de décembre 2016.