Pensées décoloniales et frontalières. Liquider 1492 !
Conférence organisée à Dijon (Université de Bourgogne) le 21/03/2024
Organisateur(s) : Tornatore Jean-Louis, Rodrigues-Balbuena Judite
Centre(s) organisateur(s) : LIR3S-UMR CNRS uB 7366
Référence électronique : Tornatore Jean-Louis, Rodrigues-Balbuena Judite (organisateurs), 2024, Pensées décoloniales et frontalières. Liquider 1492 ! [en ligne], conférence, Dijon, Université de Bourgogne, disponible sur https://lir3s.u-bourgogne.fr/phonotheque/m-241, page consultée le 04/11/2024
Présentation de la manifestation
C’est aux penseurs et penseuses du collectif Modernité/Colonialité/Décolonialité – Aníbal Quijano, Enrique Dussel, Walter Mignolo, María Lugones, Arturo Escobar, Catherine Walsh, Boaventura de Sousa Santos… – qu’il revient d’avoir, depuis le Sud Global et dans la continuité des théories de la dépendance et de la théologie et de la philosophie de la libération, fondé la critique décoloniale en tant qu’outil analytique majeur pour comprendre la dévastation de nos mondes contemporains. À partir de la démonstration éclatante de l’origine coloniale de l’Europe moderne fondée sur l’occultation, le recouvrement (el encubrimiento) de l’Autre (Dussel), c’est-à-dire contre le mythe eurocentré de la modernité, iels se sont attaché.es à montrer comment cette matrice coloniale (Quijano) composait une structure de domination totale, permanente et ininterrompue, qui se poursuivait même après les mouvements d’Indépendance de la première moitié du 19e siècle : colonialité du pouvoir, colonialité de la race, colonialité de l’être, colonialité des savoirs… En posant que « la modernité est intrinsèquement coloniale », iels ont voulu construire les bases d’un programme décolonial insistant sur la nécessité d’une voie latino-américaine singulière, un horizon utopique au-delà de la modernité fondé sur le dialogue et la reconnaissance des différences : transmodernité (Dussel), transculturalité (Walsh), écologie des savoirs (Santos), sentipensée (Escobar), désobéissance épistémique (Mignolo), sont les concepts pour l’invention d’une condition pluriverselle.
Mais aussi une condition mestiza ouvrant sur une pensée de la frontière qui ne craint pas d’affirmer et de revendiquer le mélange de cosmovisions – autochtone, espagnole, mexicaine, états-unienne – plus souvent conflictuelles. Figure majeure de la théorie chicana, aux origines de la pensée queer décoloniale états-unienne, Gloria Anzaldúa (1942-2004) n’a eu de cesse d’explorer la puissance créatrice de l’hybridation née du contact entre mondes et cultures sur fond de luttes et d’oppositions. Sexuelle, linguistique ou géographique, la frontière est une terre politique où s’accomplit un renversement fondamental, celui qui voit la culture subalterne s’affirmer en égale de la culture supérieure. El Mundo Zurdo, le monde gaucher, de Gloria Anzaldúa, composé de communautés de queers, de femmes, de Chicanas, de Chicanos, et autres subalternes, définit ainsi l’espace d’un projet politique et théorique construit depuis les marges et confiné aux marges.
Camille Back, autrice d’une thèse sur Gloria Anzaldúa, et Philippe Colin, co-auteur de Pensées décoloniales, nous aideront à croiser ces deux perspectives et à nous demander comment elles peuvent « compliquer » notre propre rapport à la modernité.
Communications
Pensées décoloniales et frontalières. Liquider 1492 ! - Introduction [durée : 4 min.], Tornatore Jean-Louis, Rodrigues-Balbuena Judite
Pour un savoir perspectivé : la proposition éthico-politique des pensées décoloniales [durée : 48 min.], Colin Philippe
Sentipensar à la frontière : quelques apports de la théorie chicana aux pensées décoloniales d’Abya Yala [durée : 70 min.], Back Camille
Contact : lir3s[dot]logistique[at]u-bourgogne[dot]fr
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