L’expérience du corps vécu chez la personne âgée et la personne handicapée
Organisateur(s) : Ancet Pierre
Centre(s) organisateur(s) : Centre Georges Chevrier-UMR CNRS uB 7366
Partenaire(s) : MSH Dijon
Référence électronique : Ancet Pierre (organisateurs), 2008, L’expérience du corps vécu chez la personne âgée et la personne handicapée [en ligne], colloque, Dijon, Université de Bourgogne, disponible sur https://lir3s.u-bourgogne.fr/phonotheque/m-60, page consultée le 17/11/2025
Présentation de la manifestation
L’intention de ce colloque est d’élargir la perception que nous avons de notre propre corps en cherchant à dégager l’expérience du corps vécu au sens que Maurice Merleau-Ponty donne à ce terme dans la Phénoménologie de la perception : un corps subjectif, ressenti plus que représenté, expérimenté plus que connu, intériorisé plus qu’extériorisé comme objet possible. Sommes-nous certains de savoir ce qu’est le corps pour nous ? Pourrions-nous le décrire indépendamment de nos connaissances médicales et de nos représentations spontanées ?
Les exemples principaux retenus pour cette analyse seront l’expérience du corps chez la personne handicapée physique et chez la personne âgée et ceci pour plusieurs raisons.
La première est éthique : elle permet de prendre conscience du décalage qui peut exister entre nos représentations, souvent éminemment projectives, et l’expérience de l’autre telle qu’il la décrit du dedans. On y retrouve l’écart entre l’apparence extérieure construite par les stéréotypes sociaux et le vécu individuel dans sa singularité. Or la démarche éthique est souvent présentée comme une tentative pour aller de la généralité des principes vers la particularité voire la singularité d’une expérience, afin de remonter ensuite aux buts et fins que l’on se propose de rechercher. Le cheminement éthique ne peut en ce sens faire l’économie de l’expérience individuelle, et nous insistons pour que des intervenants en situation de handicap puissent s’exprimer dans ces contexte. Les enjeux éthiques sont d’autant plus importants que se reposent des questions fondamentales à propos du néo-eugénisme contemporain et de l’euthanasie des personnes âgées.
La seconde raison est spéculative : la découverte de l’expérience d’autrui ne peut que nous conduire à repenser notre propre rapport au corps. De la même manière que l’anthropologie a pu par le passé permettre de mieux saisir ce qu’était notre propre culture, de même nous avons la possibilité d’interroger au sein de notre propre société des personnes dont l’expérience du corps n’est pas ou n’est plus comparable à celle que nous connaissons quotidiennement. Rien ne nous garantit que nous ayons tous les mêmes expériences intérieures uniquement parce que nous disposons de la même culture et des mêmes termes pour désigner ce que nous ressentons. La maladie mentale et la maladie physique peuvent conduire à des expériences si étranges et singulières du corps vécu qu’elles en deviennent difficilement communicables. Mais rien ne nous indique à l’inverse que les expériences du corps soient si radicalement distinctes qu’elles ne puissent faire l’objet d’une rencontre intersubjective.
La particularité du rapport au corps et du rapport au monde que peut contribuer à cerner cette notion de corps vécu mérite une attention particulière, et cela surtout en raison de l’ambiguïté foncière du terme de corps. En effet, le corps vécu tel que nous l’éprouvons n’est pas réductible à la connaissance anatomique et physiologique que nous en donne la médecine. Il en va de même du corps tel que nous nous le représentons (l’image du corps). Cette image ne coïncide pas avec celle du miroir. Elle est d’ailleurs plus qu’une représentation, comme le montre le livre fondateur de P. Schilder. Enfin, la psychanalyse évoque une expérience du corps sans forme dont nous portons l’empreinte inconsciente (l’image inconsciente du corps).
Le terme même de « corps » est difficile à exporter hors d’un contexte occidental, comme le montrent les études historiques et anthropologiques. Nous expérimentons notre corps comme un moyen de nous différencier des autres, comme un ensemble de limites par rapport à l’extérieur, tandis que les sociétés traditionnelles font du corps le maillon d’une chaîne entre soi et la chair du monde, entre soi et les autres (comme dans l’expérience de partielle dissolution que nous faisons dans la foule).
Lorsque nous parlons du corps, le risque de confusion est donc grand. Il l’est davantage encore lorsque ce dialogue a lieu avec un médecin et que « le corps » devient l’objet d’une plainte et d’une demande. On jugera de ces difficultés et de leurs enjeux éthiques en confrontant des approches philosophiques, anthropologiques, historiques, psychologiques et médicales.
Communications
L’expérience du corps vécu chez la personne âgée et la personne handicapée - Introduction [durée : 4 min.], Ancet Pierre
Corps vieillissant et perception par les soignants [durée : 30 min.], Lahaye Anne
Ethique et clinique de l’hétéronomie : prendre soin de l’attente [durée : 28 min.], Dreuil Daniel
A chacun son vieillissement. Témoignage et réflexions sur le vécu du corps [durée : 22 min.], Delabbé Jean
La toilette de la personne âgée et le problème de l’intimité du corps [durée : 33 min.], Larger Victor
Corps vieillissant, corps vil ? la perte de l’imagination du semblable [durée : 35 min.], Pierron Jean-Philippe
Enregistrement non public.
Ethique, intimité et sexualité chez les personnes âgées [durée : 29 min.], Ancet Pierre
Handicap sensoriel, expériences du corps et représentations de soi [durée : 26 min.], Bernard Alix
Surdité, corps implanté, corps réparé ? Décalages entre des discours d’experts et de témoins, entre la surdité observée et l’expérience de la surdité vécue [durée : 26 min.], Lavigne Chantal
Corps menaçant/corps invisible : la « non-traitance » [durée : 18 min.], Cohier-Rahban Véronique
Corps apparent et corps vécu [durée : 17 min.], Nuss Marcel
Fratrie et rapport au corps malade de l’enfant [durée : 29 min.], Scelles Régine
De la stigmatisation à la transformation : processus d’adaptation à la différence des pères et des mères d’enfant ayant une déficience [durée : 25 min.], Pelchat Diane
Le corps sexué de l’enfant classé déficient intellectuel vécu par les parents [durée : 44 min.], Desjardins Michel
Image corporelle, handicap, dignité [durée : 24 min.], Stiker Henri-Jacques
Le vécu du corps et l’intériorisation du regard. Une expérience personnelle [durée : 44 min.], Parisot Anne-Sophie
Vécus corporels chez des personnes autistes. La place du corps et de la sensorialité dans les installations en clivage [durée : 26 min.], Lheureux-Davidse Chantal
Fermeture et résistance du corps (Maine de Biran, Merleau-Ponty et Patocka) [durée : 28 min.], Frogneux Nathalie
La rencontre de l’autre dans la proxi-intimité [durée : 31 min.], Durif-Varembont Jean-Pierre
Enregistrement non public.
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