Reconnaissance, ambivalence, vengeance : le patrimoine culturel immatériel est une relation. L’expérience suisse
Séminaire Que faire du patrimoine culturel immatériel ?
Auteur(s) : Hertz Ellen
Durée : 67 minutes
Référence électronique : Hertz Ellen, « Reconnaissance, ambivalence, vengeance : le patrimoine culturel immatériel est une relation. L’expérience suisse » [en ligne], 2015, disponible sur https://lir3s.u-bourgogne.fr/phonotheque/c-1019, page consultée le 12/09/2024
Présentation des auteurs
Ellen Hertz est professeure d’ethnologie à l’Université de Neuchâtel et dirige depuis 2009 un projet de recherche sur l’implémentation en Suisse de la Convention de l’UNESCO pour la sauvegarde du PCI ( http://www2.unine.ch/ethno/page-28437.html ). Partant de quelques cas d’étude, qui incluent aussi bien des éléments inscrits sur la liste des « traditions vivantes en Suisse » que ceux qui y sont absents, ce projet interroge les logiques d’inclusion et d’exclusion à l’œuvre dans l’implémentation de la Convention, et poursuit une ethnographie de la bureaucratie patrimoniale en temps réel. Il est accompagné d’une trilogie d’expositions montées avec le Musée d’ethnographie de Neuchâtel portant sur les « Bruits », le « Hors champs » et les « Secrets » ( http://www.men.ch/fr/accueil/ ).
Résumé de la communication
Cette communication part d’une enquête ethnographique menée auprès d’une association suisse active dans la promotion de danses et de costumes dits traditionnels d’un canton catholique de la Suisse romande. L’activisme patrimonial de cette association date d’avant l’entrée en force de la Convention de l’UNESCO, et se base sur une entreprise de longue haleine, la folklorisation de la culture paysanne, notamment alpine. L’association, dirigée par un véritable « entrepreneur de morale », a repris à son compte les discours et les représentations des folkloristes « ancienne école », tout en se référant au cadre « participatif », clé de voûte du dispositif de l’UNESCO pour le traitement du PCI.
Il en résulte un mélange bien gênant pour la bureaucratie patrimoniale cantonale et nationale. D’un côté, les associations telles que celles que j’étudie représentent la supposée vitalité de la « société civile », son esprit démocratique « grass roots » ainsi que le principe du respect pour la diversité culturelle, inscrit dans la Constitution suisse. De l’autre, l’élite culturelle plutôt cosmopolite tente de garder une distance hermétique avec cette posture traditionnaliste. Son malaise est d’autant plus palpable que l’UDC, parti politique nationaliste qui jouit d’une popularité importante en Suisse aujourd’hui, manie une rhétorique traditionnaliste proche de celle des associations folkloriques et promeut la vision bucolique d’une Suisse sans étrangers et sans élite, libre de l’influence des « Eurocrates » et de sinistres institutions internationales telle queÉ l’UNESCO.
Dans cette présentation, j’explore les processus d’inclusion et d’exclusion qui ont marqué la « carrière patrimoniale » de cette association et de sa présidente, qui s’est vue poliment éjectée du cercle des experts en patrimoine immatériel alors qu’elle avait été un acteur-clé pour les premières discussions avec l’UNESCO autour de la ratification de la Convention par la Suisse. Je suggère que ce qui apparaît à première vue comme un problème d’échelle – à quel « niveau » institutionnel agissent les acteurs ? – est sous certains aspects un problème de distinction – de quel « niveau » culturel ces acteurs disposent-ils ? Cette tension nous aide à retracer les enjeux de hiérarchisation, mais aussi de contre-hiérarchisation, à l’œuvre dans le rapport entre PCI et modernité tardive.
Reconnaissance, ambivalence, vengeance : le patrimoine culturel immatériel est une relation. L’expérience suisse [durée : 67 min.], Hertz Ellen
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