Le restaurant coopératif des Champs-Élysées
Colloque Manger au travail (XVIIIe-XXIe siècle)
Auteur(s) : Gacon Stéphane
Durée : 24 minutes
Référence électronique : Gacon Stéphane, « Le restaurant coopératif des Champs-Élysées » [en ligne], 2014, disponible sur https://lir3s.u-bourgogne.fr/phonotheque/c-889, page consultée le 13/09/2024
Présentation des auteurs
Stéphane Gacon est maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Bourgogne. Il est membre du Centre Chevrier (UMR CNRS 7366). Il travaille sur l’histoire politique et sociale de la France et de l’Europe aux XIXe et XXe siècle. Publications : L’amnistie. De la Commune à la guerre d’Algérie, Le Seuil, coll. « L’Univers historique », 2002 ; « Le grand rêve de la république sociale », L’Histoire, n° 392, octobre 2013.
Résumé de la communication
Le restaurant coopératif qui se met en place en 1896 pour subvenir aux besoins de l’importante population ouvrière qui se retrouve chaque jour sur les chantiers des palais des Champs-Élysées pour l’Exposition universelle de 1900 n’est pas géré directement par les ouvriers qui n’en ont pas eu l’initiative. Il s’agit d’un projet à dimension philanthropique et morale qui témoigne, comme tout au long du siècle, du souci des élites – et particulièrement en cette fin de siècle des dirigeants républicains à la recherche d’une politique sociale – de contenir les pulsions ouvrières et de distribuer une éducation alimentaire tout en organisant le travail de la manière la plus rationnelle possible. Des « palais » sont à construire dans des délais très courts. Les soucis d’ordre et d’efficacité sont donc extrêmement présents derrière la façade philanthropique. Se pencher sur cette expérience permet d’illustrer les conclusions de travaux engagés par ailleurs et de penser le repas sur le chantier à la fois comme situation sociale et lieu d’un discours normatif (Martin Bruegel). Sur le plan de la situation sociale, elle permet d’observer le face-à-face entre ouvriers et employeurs – ici l’administration de l’Exposition – et les pratiques sociales des ouvriers, en particulier leurs stratégies alimentaires et leur sociabilité. L’étude du discours normatif pose la question de l’hygiène et de la nutrition, des pratiques alimentaires et de la diffusion des goûts. Les enjeux de pouvoir portent donc à la fois sur le temps de travail et le contenu des assiettes. Mais ceux à qui s’adressent ces discours et ces pratiques n’adhèrent pas toujours facilement au schéma proposé. L’exemple qui nous occupe semble montrer que l’acculturation est heurtée ou, pour le moins, suscite des résistances.
During the preparation of the Paris Exposition universelle in 1900 a cooperative restaurant opened in the building site of the Champs-Elysées palaces. It was a classical philanthropic initiative that met the republican desire to find an answer to the social question. This paper points the fact that such an experience, which was thought as an experiment by its promoters, enables us to understand, on the one hand, the different views between the exhibition administration and the workers about the place and the way to eat and, on the other hand, the food strategies and relationships between workers during meal time. The speech of the social and political elites upon popular diet and food practices insists on the necessity to change for a more regular and balanced meal with a lower alcohol consumption and a higher meat consumption. But the low attendance in the restaurant shows that there was a kind of resistance to those proposals. The acculturation was difficult.
Le restaurant coopératif des Champs-Élysées [durée : 24 min.], Gacon Stéphane
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