Projet Séminaire doctoral de Transversales Journée d’études doctorale organisée à Dijon (Université de Bourgogne) le 15/05/2014 Organisateur(s) : Boisard Julie, Bergeret Servin Centre(s) organisateur(s) : Centre Georges Chevrier-UMR CNRS uB 7366
Référence électronique : Boisard Julie, Bergeret Servin (organisateurs), 2014, Individu et société – Parcours du sujet au sein des groupes [en ligne], journée d’études doctorale, Dijon, Université de Bourgogne, disponible sur https://lir3s.u-bourgogne.fr/phonotheque/m-140, page consultée le 02/12/2024
Présentation de la manifestation
Pour la deuxième saison des Transversales du Centre Georges Chevrier, nous choisissons de nous intéresser aux rapports entretenus entre individu et groupe social (compris comme un ensemble d’individus partageant des caractéristiques sociales communes et qui sont liés plus ou moins consciemment par des relations et/ou des intérêts communs, un sentiment d’appartenance), en privilégiant une approche de découverte, invitant à partir à la rencontre de parcours et cheminements individuels, toujours envisagés en relation à un groupe.
Nous réfléchirons ensemble aux questions impliquant la notion d’influence du groupe sur l’individu, à différents niveaux (définition, émancipation, aliénation, etc.) ; nous nous interrogerons également sur la réciproque, l’influence de l’individu sur le groupe, ainsi que sur la notion de groupe de référence (groupe dont l’individu cherche à adopter les normes et les valeurs), le tout dans la perspective propre aux Transversales de valoriser les travaux de thèse sur lesquels travaillent les doctorants du CGC, tout en ouvrant le dialogue entre les différentes disciplines qui le composent.
Tout ou presque peut sembler avoir été écrit sur l’histoire du communisme. Pourtant il apparaît bien vite que le communisme et les organisations qui s’en sont réclamées, aux premiers rangs desquelles les Partis communistes, constituent toujours un formidable objet d’histoire.
La démarche prosopographique participe du renouveau historiographique sur le communisme, basé sur l’ouverture des archives et l’approche « par le bas » d’un mouvement politique qui agrégea autour de lui, dans sa pluralité, des millions d’hommes à travers le monde. La prosopographie étudie les biographies collectives d’individus. Son intérêt est donc multiple face à l’histoire du communisme. En reliant histoire individuelle et histoire collective, elle permet non seulement de saisir les différences et les similitudes des parcours militants, mais aussi de faire émerger des trajectoires singulières. L’axe prosopographique permet de nuancer la vision encore trop communément admise d’un communisme monolithique. En jouant sur les jeux d’échelles local/national/international, organisation/militant, singulier/pluriel, individu/groupe, la méthode prosopographique ouvre à une histoire fine, complexe et vivante d’un phénomène politique majeur du XXe siècle.
Concernant plus particulièrement le PCF, nous nous pencherons ici sur ces cadres régionaux, ces militants de Paris comme de la province, à la fin des années 1930. Comment étudier les rapports individus/groupes dans une telle organisation ? Que nous apprennent les parcours individuels sur ces militants communistes, et quelles réponses sur de grandes questions telles l’adhésion, la loyauté de parti, le rapport à la Nation, en ce temps d’intégration du PCF au modèle républicain ?
En décembre 1975, Francine Rapiné est arrêtée par la police et inculpée pour atteinte à la sûreté de l’État. Cette jeune étudiante de Lettres à la faculté de Besançon et le pasteur Mathiot sont les premiers français à être jugés, en correctionnel, en mars 1958 pour avoir aidé directement des représentants du FLN en France. Francine Rapiné a été secrétaire, agent de liaison et trésorière de Si Ali, responsable de la Wilaya du Nord-Est, le pasteur Mathiot a hébergé et aidé ce dernier, recherché par la police, à passer la frontière.
Comment expliquer, au-delà du choix de l’individu, cet engagement précoce et extrême de Francine Rapiné ? Existe-t-il au sein de la communauté bisontine, et plus particulièrement du monde étudiant, des facteurs explicatifs ?
« Rares les femmes qui peuvent aujourd’hui, comme elle, et sans en être éclipsées, tenir à côté de Manet, de Degas et de Renoir. » Le critique d’art Claude Roger-Marx écrit ces mots en 1959 à l’occasion de l’exposition consacrée à Eva Gonzalès à la galerie Daber, à Paris. Vivant dans l’environnement immédiat des peintres impressionnistes, les côtoyant dans l’atelier de son maître Edouard Manet, profitant de leur influence, partageant la même vision de la modernité et les mêmes techniques picturales, Eva Gonzalès est ancrée dans ces années 1870-1880, marquées par l’émergence et l’apogée de l’Impressionnisme. Mais, de nature discrète et réservée, cette artiste n’adhèrera jamais complètement à cette mouvance, restant résolument à l’écart de leur fougue. Entre fascination et retrait vis-à-vis de ces peintres, son œuvre est aujourd’hui pourtant entièrement rattachée à la leur, et Eva Gonzalès est considérée comme une des femmes artistes à part entière de ce groupe, à l’image de Berthe Morisot et de Mary Cassatt.
Le parcours professionnel d’un infirmier est jalonné d’étapes, formelles ou informelles et de rencontres. La très grande majorité des étudiants infirmiers expliquent ne pas avoir choisi cette voie par hasard. Derrière ce discours on retrouve en fait l’influence du groupe de pair, mais également de la société sur les représentations individuelles. L’histoire de la profession inscrit les infirmières comme des descendantes des religieuses qui occupaient précédemment cette fonction. Bien qu’aujourd’hui les professionnelles cherchent à se démarquer de cette descendance, on en retrouve encore les traces dans le discours de certains étudiants qui font par exemple du dévouement une des principale qualité de l’infirmière. Il sera question dans cette intervention d’une part de la façon dont un infirmier voit son identité en partie façonnée par son groupe de pairs ; d’autre part nous tenterons de montrer que les infirmiers ne sont pas entièrement déterminé par ce groupe de pairs et que, sous certaines conditions, ils peuvent apporter des modifications.