Projet Séminaire doctoral de Transversales Journée d’études doctorale organisée à Dijon (Université de Bourgogne) le 15/01/2015 Organisateur(s) : Cacucci-Sanchez Elodie, Girard Lucile Centre(s) organisateur(s) : Centre Georges Chevrier-UMR CNRS uB 7366
Référence électronique : Cacucci-Sanchez Elodie, Girard Lucile (organisateurs), 2015, Normes et Individu [en ligne], journée d’études doctorale, Dijon, Université de Bourgogne, disponible sur https://lir3s.u-bourgogne.fr/phonotheque/m-150, page consultée le 02/12/2024
Présentation de la manifestation
Les normes sont des règles qui régissent l’action des individus à l’intérieur des sociétés et/ou des groupes sociaux. Elles garantissent une certaine conformité dans les pratiques individuelles. Sous forme de règles explicites (de nature juridique ou réglementaire), elles ont pris une importance croissante dans les sociétés modernes en s’imposant officiellement aux individus. Sous forme de règles implicites (de nature morale par exemple) elles sont intériorisées lors du processus de socialisation et régissent la plupart des relations à l’intérieur des groupes.
L’objectif de cette Transversale est de se questionner sur la définition et la fonction des normes au sein des sociétés, ainsi que d’interroger leur respect ou leur transgression par les acteurs sociaux. Qu’est ce qui fonde la légitimité d’une norme ? Quelle est la marge de liberté laissée aux individus quant à l’application des règles juridiques ? Comment un acteur peut-il orienter sa pratique lorsqu’il est face à des normes divergentes ? Pourquoi et comment les acteurs sociaux peuvent-ils contester une norme en vigueur ? Le fait de ne pas respecter les normes conduit-il nécessairement à une forme de marginalité ou de déviance ?
Cette communication vise à mettre en lumière les problèmes de l’application des règles de droit concernant les Bohémiens à travers l’étude des cas des repris de justice. La législation répressive spécifique et sévère à leur encontre a pour enjeu de les chasser du territoire mais leur présence constante montre qu’elle n’est pas strictement appliquée. Qu’est-ce que cela révèle quant aux rapports des magistrats avec les Bohémiens d’une part, et quant à la perception de la loi par les Bohémiens d’autre part ?
L’exploitation des archives judiciaires lorraines permet de cerner le traitement des Bohémiens par les juridictions pénales, et de fournir les informations nécessaires à l’établissement des cas de récidives. En puisant dans le fonds des bailliages et le fonds de la maréchaussée des Archives Départementales de Meurthe-et-Moselle (ADMM) et de Moselle (ADM), nous pouvons analyser l’application des normes en vigueur à l’échelle des groupes de Bohémiens arrêtés en Lorraine. Il s’agit tout d’abord d’identifier les repris de justice essentiellement au moyen de la marque au fer, puis de retracer leurs pérégrinations grâce aux interrogatoires et enfin interpréter les sentences et condamnations.
Les cas de récidive sont vraisemblablement nombreux. Cependant, il est difficile de suivre à la trace les individus notamment du fait de la confusion – entretenue par les prévenus – dans leurs noms, et plus généralement de la nécessité d’envisager avec précautions les renseignements qu’ils donnent au cours de leur procès. Au demeurant, la volonté des pouvoirs publics apparaît contredite par la clémence des magistrats chargés de faire respecter les décisions du pouvoir souverain. Notre étude met donc en perspective la vision qu’ont les magistrats des Bohémiens et la façon dont les Bohémiens appréhendent la loi et ceux chargés de l’appliquer. Cela soulève une question plus profonde peut-être, à savoir la perception par les Bohémiens des ordonnances, déclarations etc. Prenant des libertés avec les normes édictées par les pouvoirs publics, ils semblent en effet au quotidien suivre plus volontiers des règles coutumières qui leur sont propres.
Madagascar a enregistré une baisse de la prévalence du paludisme depuis 2010. Actuellement, le paludisme grave se situe au quatrième rang des maladies qui tuent les enfants de moins de 5 ans dans les hôpitaux (au premier rang avant 2009). Toutefois, la prévalence reste élevée chez les enfants de cette classe d’âge, avec une moyenne de 6 % pour l’ensemble du pays. La prévalence est certes faible (1 à 2 %) dans les Hautes Terres et le Sud subdésertique, mais elle est de 15 % sur la côte est de l’île (EIPM 2013).
Les cas de décès et les difficultés de la prise en charge des malades relèvent de multiples facteurs dont entre autres l’incompatibilité de certaines normes « médicales » informelles avec les normes médicales formelles. Des acteurs autour du paludisme (des soignants, des soignés, des acteurs institutionnels) contribuent chacun à leur niveau à cette incompatibilité des normes qui peut handicaper les actions de lutte. A ces normes divergentes s’ajoutent également les problèmes structurels et infrastructurels touchant l’ensemble de la société, qui modifient les comportements de ces acteurs, les poussant généralement à agir individuellement ou solidairement à l’encontre des normes médicales formelles.
La présente communication fait suite à une étude qualitative et quantitative qui a débuté en décembre 2013 pour s’achever en décembre 2014, sur la prévention et la prise en charge en matière de paludisme dans deux communes rurales (Ankazobe et Brickaville) de Madagascar. L’objectif de l’étude est de mener une évaluation opérationnelle de la lutte intégrée contre le paludisme à Madagascar.
L’enseignement artistique, dispensé dans les Académies d’art du XVIIIe siècle, s’organisait autour d’une formation hiérarchisée et orientée vers l’étude de la figure humaine. Le dessin d’après le nu masculin était la principale vocation des établissements d’art, à tel point que le terme d’ « académie » servit à désigner l’exercice de composition d’après nature. L’étudiant s’appliquait d’abord à reproduire des dessins ou des gravures. Après avoir acquis ces premiers rudiments, il était autorisé à dessiner d’après des moulages d’antique. Puis, il était admis dans la classe du modèle vivant.
L’instruction académique était strictement normée. Les méthodes de dessins et les théories artistiques s’accordaient à reconnaître la justesse et les bienfaits des règles édictées par ce modèle éducatif. Soucieuses d’offrir à leurs élèves un enseignement de qualité, les écoles de dessin provinciales enrichissaient leur matériel pédagogique de modèles gravés d’après les meilleurs professeurs de l’Académie de peinture et sculpture de Paris. Elles s’attachaient à acquérir des plâtres réalisés d’après les plus célèbres antiques. Elles organisent régulièrement des conférences, des distributions de prix et des salons annuels.
Pourtant, ce système est violemment remis en cause. Ces méthodes, accusées de museler la création artistique, sont critiquées avec virulence. Plus qu’un modèle, la perfection des statues antiques devient une norme à laquelle doivent se soumettre les artistes. De l’imitation servile et de l’étude réitérée des œuvres antiques finit par naître la manière. Ce vice artistique est perçu comme une fatalité par les Diderot, Quatremère de Quincy et autre Cochin.
Si la référence assidue à l’antique fait l’objet de débats et de diatribes violentes, il en est de même pour l’enseignement orchestré autour des séances de pose. Faut-il suivre la norme académique qui approuve et incite à l’idéalisation du modèle vivant ou bien faut-il s’émanciper de telles pratiques et s’attacher à la seule étude de la Nature, dans sa beauté simple et imparfaite ?
Notre communication s’attachera à traduire les systèmes de représentations du corps, dans une France qui, dès la fin du XVIIIe siècle, remet en question les enjeux esthétiques, l’idéalisation de la figure humaine ainsi que l’Académie, corps institutionnel, qui, depuis le XVIIe siècle, organise et hiérarchise l’enseignement.