Puissance spéculaire et esthétique des images de corps violentés dans la sensibilité artistique de Michel Leiris
Projet hypertext link symbol Séminaire doctoral de Transversales
Journée d’études doctorale hypertext link symbol Le spectacle de la violence
Auteur(s) : Talpin Camille
Durée : 28 minutes

Référence électronique : Talpin Camille, « Puissance spéculaire et esthétique des images de corps violentés dans la sensibilité artistique de Michel Leiris » [en ligne], 2017, disponible sur https://lir3s.u-bourgogne.fr/phonotheque/c-1178, page consultée le 09/09/2024



Résumé de la communication

« On ne peut tout de même pas écouter que du Rossini ! » (M. Leiris, « Le peintre de la détresse humaine », entretien avec Jean Clay, Réalités n° 250, novembre 1966, p. 107, repris dans M. Leiris et P. Vilar [éd. établie par], Écrits sur l’art, Paris, CNRS Éditions, 2012, p. 487), conclut l’écrivain et ethnologue, Michel Leiris, à l’issue d’un entretien sur l’œuvre du peintre et ami, Francis Bacon, en faisant référence au caractère troublant de la peinture de l’artiste britannique, parcourue par le répertoire formel de la déformation, qui caractérise nombre de ses personnages.

Déjà sensible à la violence à laquelle se soumettent, par exemple, les personnages de la série des Massacres d’André Masson, dessinée dans les années 1930, et envisagée dans le dessein d’un ordre plus stable, Leiris n’aura de cesse que de manifester une sensibilité aiguë pour la déformation des corps dans les arts plastiques. C’est à partir du milieu des années 1960, qu’il envisage dans la peinture de Bacon, la violence de ces corps soumis à des distorsions bouleversantes, moins comme un spectacle de simple divertissement, dans lequel l’artiste se plairait à peindre du monstrueux de manière gratuite et exacerbée, qu’une inévitable évidence, transcendée par les moyens de l’art, ne faisant que dévoiler notre « vérité profonde [Ibidem, p. 484] ». Récusant ipso facto un art idéaliste, Michel Leiris défend, en effet, la violence dans les arts plastiques, tel un moyen de percevoir, de comprendre, de vivre avec ses pairs, et par conséquent, d’accepter, à travers le miroir de la toile, cette dure réalité, que représente la vérité d’un monde et d’une époque bousculés. En spectateur moins complice adorateur de la violence, que simple compagnon de l’artiste dans une époque mouvementée, Leiris extrait cependant d’un tel spectacle – signifiant, selon lui, un évènement réel et parallèle à l’instant présent que nous vivons – une forme de beauté, née d’un élément harmonieux et d’un élément dissonant, transgressif, dérangeant et, par conséquent, violentant l’harmonie originelle.

L’écrivain puise alors dans la violence des corps peints par ses amis artistes, une force psychanalytique, l’aidant à mieux accepter le monde angoissant qui l’entoure, et l’érige en objet plastique vecteur de beau.

Puissance spéculaire et esthétique des images de corps violentés dans la sensibilité artistique de Michel Leiris [durée : 28 min.], Talpin Camille





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