Du pouvoir du corps aux possibilités de l’existence. Lecture des « Leçons sur la corporéité » de Jan Patočka
Projet hypertext link symbol Séminaire doctoral de Transversales
Journée d’études doctorale hypertext link symbol Que peut le corps ?
Auteur(s) : Stanciu Ovidiu
Durée : 31 minutes

Référence électronique : Stanciu Ovidiu, « Du pouvoir du corps aux possibilités de l’existence. Lecture des « Leçons sur la corporéité » de Jan Patočka » [en ligne], 2013, disponible sur https://lir3s.u-bourgogne.fr/phonotheque/c-720, page consultée le 12/09/2024



Résumé de la communication

Dans le cours professé en 1968 à l’Université Charles de Prague et édité sous le titre « Leçons sur la corporéité », le philosophe tchèque Jan Patočka engage une réflexion sur les apports de la phénoménologie à une pensée du corps propre. À la différence de l’approche traditionnelle – que Patočka examine dans l’introduction de son cours, à la faveur des développements sur le traitement du problème du corps d’Aristote jusqu’à Descartes – la phénoménologie se signale par le privilège qu’elle accorde à l’épreuve du corps, par son ambition de parvenir à une description du corps tel qu’il apparaît en « première personne ». Le corps propre, la chair, ne serait plus envisagé à partir de sa communauté de nature avec les autres corps du monde, mais selon les possibilités qu’il ouvre à l’existence.

Une approche « existentiale » du corps, si elle se fait bien dans le sillage de la phénoménologie, devra néanmoins marquer ses distances par rapport à la façon dont la phénoménologie historique a entendu le problème. Ainsi, Patočka met en lumière les insuffisances du traitement heideggérien de ce thème, dont le défaut majeur consiste dans le refus d’opérer le geste complémentaire à une pensée « existentiale » du corps, à savoir d’envisager l’existence selon sa dimension corporelle. Pour concilier ces deux exigences, Patočka propose d’envisager et le corps propre et le moi selon une unique perspective, celle du mouvement qui les traverse, compris d’après sa détermination aristotélicienne comme « acte de la possibilité en tant que possibilité ». Le corps propre serait ainsi défini comme « réalisateur de possibilités », alors que l’existence (ou le moi) apparaîtra comme « force voyante ». Cette optique dynamique, qui ôte au corps sa massivité et au moi son caractère substantiel, conduit à une caractérisation des deux instances selon les possibilités qu’elles font apparaître en les réalisant. Une fois installé dans cette dimension, il reste à savoir si un écart ne subsiste encore pas entre les possibilités ainsi dévoilées : s’il est vrai, comme Patočka l’affirme, que l’existence est « de part en part corporelle », si elle est impensable sans la référer à ce socle vital qu’est le corps, est-ce pour autant vrai que toutes ses possibilités doivent être pensées en référence au corps ? N’y a-t-il pas une possibilité insigne, que Patočka thématise sous le titre du « troisième mouvement de l’existence » qui ne renvoie plus à aucun pouvoir du corps ?

Du pouvoir du corps aux possibilités de l’existence. Lecture des « Leçons sur la corporéité » de Jan Patočka [durée : 31 min.], Stanciu Ovidiu





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