Projet Séminaire doctoral de Transversales Journée d’études doctorale organisée à Dijon (Université de Bourgogne) le 10/01/2013 Organisateur(s) : Sanchez Elodie, Conry Sébastien Centre(s) organisateur(s) : Centre Georges Chevrier-UMR CNRS uB 7366
Référence électronique : Sanchez Elodie, Conry Sébastien (organisateurs), 2013, Que peut le corps ? [en ligne], journée d’études doctorale, Dijon, Université de Bourgogne, disponible sur https://lir3s.u-bourgogne.fr/phonotheque/m-113, page consultée le 17/07/2025
Présentation de la manifestation
Dans l’Éthique, Spinoza affirme : « Personne n’a encore jamais dit que peut un corps ». Si cette phrase se présente d’abord comme une provocation et une remise en cause d’une grande partie de la philosophie qui l’a précédée, elle précise cependant l’une des grandes lignes directrices de sa pensée. Organisée autour des notions d’effort et de puissance, la démarche de Spinoza aboutit à cette conclusion que l’essence d’un corps ne peut s’envisager que par rapport à ses capacités. Un corps n’existe que comme l’ensemble des actions qu’il peut produire et comme l’ensemble des effets qu’il peut subir.
Dire que peut un corps, c’est d’abord interroger les limites qui encadrent sa capacité à agir et à subir sans entrer dans un processus de décomposition. C’est ensuite comprendre comment ces limites sont elles-mêmes produites à travers une série de faits politiques, sociaux, économiques et techniques. Si le corps est action et passion, il faut pour le définir envisager ces processus de construction. Enfin, le corps se donne aussi comme signe : pour lui-même à travers les affects ; mais aussi pour autrui. Il faut donc aussi interroger cette construction du corps comme signification sociale.
Dans le cours professé en 1968 à l’Université Charles de Prague et édité sous le titre « Leçons sur la corporéité », le philosophe tchèque Jan Patočka engage une réflexion sur les apports de la phénoménologie à une pensée du corps propre. À la différence de l’approche traditionnelle – que Patočka examine dans l’introduction de son cours, à la faveur des développements sur le traitement du problème du corps d’Aristote jusqu’à Descartes – la phénoménologie se signale par le privilège qu’elle accorde à l’épreuve du corps, par son ambition de parvenir à une description du corps tel qu’il apparaît en « première personne ». Le corps propre, la chair, ne serait plus envisagé à partir de sa communauté de nature avec les autres corps du monde, mais selon les possibilités qu’il ouvre à l’existence.
Une approche « existentiale » du corps, si elle se fait bien dans le sillage de la phénoménologie, devra néanmoins marquer ses distances par rapport à la façon dont la phénoménologie historique a entendu le problème. Ainsi, Patočka met en lumière les insuffisances du traitement heideggérien de ce thème, dont le défaut majeur consiste dans le refus d’opérer le geste complémentaire à une pensée « existentiale » du corps, à savoir d’envisager l’existence selon sa dimension corporelle. Pour concilier ces deux exigences, Patočka propose d’envisager et le corps propre et le moi selon une unique perspective, celle du mouvement qui les traverse, compris d’après sa détermination aristotélicienne comme « acte de la possibilité en tant que possibilité ». Le corps propre serait ainsi défini comme « réalisateur de possibilités », alors que l’existence (ou le moi) apparaîtra comme « force voyante ». Cette optique dynamique, qui ôte au corps sa massivité et au moi son caractère substantiel, conduit à une caractérisation des deux instances selon les possibilités qu’elles font apparaître en les réalisant. Une fois installé dans cette dimension, il reste à savoir si un écart ne subsiste encore pas entre les possibilités ainsi dévoilées : s’il est vrai, comme Patočka l’affirme, que l’existence est « de part en part corporelle », si elle est impensable sans la référer à ce socle vital qu’est le corps, est-ce pour autant vrai que toutes ses possibilités doivent être pensées en référence au corps ? N’y a-t-il pas une possibilité insigne, que Patočka thématise sous le titre du « troisième mouvement de l’existence » qui ne renvoie plus à aucun pouvoir du corps ?
De nombreuses études dont l’enquête « Handicap-Incapacités-Dépendance » conduite par la Direction de la recherche des études et de l’évaluation Statistique en 2006 illustrent le lien entre perte d’autonomie et avancée en âge. Dans un contexte démographique de vieillissement global de la population, le maintien des personnes âgées en bonne santé devient un enjeu de santé publique majeur. Dans ces conditions, l’alimentation des seniors constitue une problématique centrale car on sait que la dénutrition des personnes âgées, reconnue par la Haute autorité de santé comme étant une maladie et l’un des objectifs principaux du Plan national nutrition santé, peut avoir de lourdes conséquences sur la santé et l’autonomie de ces personnes.
Notre travail aura donc pour objectif de mettre en avant l’impact de la perte d’autonomie fonctionnelle liée à l’âge sur l’alimentation des personnes âgées à différents niveaux : approvisionnement alimentaire, préparation alimentaire et repas. Nous montrerons ainsi quelles sont les difficultés rencontrées par les seniors au cours de ces différentes activités et quelles sont les stratégies développées par cette population pour faire face aux contraintes physiques du vieillissement et préserver une certaine autonomie.
La médecine est en perpétuel progrès. Son rôle est de soigner aussi bien le corps que l’esprit. Elle est capable aujourd’hui de permettre à une personne, qui souffre du syndrome de transsexualisme, de voir sa nature sexuelle, telle qu’elle existe dans son psyché, « concorder » avec ses attributs physiques. À ce même titre, le médecin est capable d’intervenir sur le patrimoine génétique d’un malade pour le soigner en intervenant sur ses gènes ou de modifier les gènes de ses cellules sexuelles pour modifier l’expression génétique de sa descendance. La législation actuelle autorise la thérapie somatique (1er cas) et interdit toute thérapie germinale (2nd cas).
Il n’est donc permis à aucun praticien d’intervenir sur les cellules sexuelles d’un individu pour pouvoir modifier le patrimoine génétique des cellules qu’il pourrait potentiellement transmettre lors de la reproduction. À première vue, cela rejoint l’interdiction de l’eugénisme. Pour autant, cette thérapie pourrait permettre l’éradication d’une maladie au sein d’une même famille. Une question survient alors : la modification génétique de l’homme doit-elle être limitée ?
Ma contribution a pour centre la thématique de l’autonomie de l’image dans l’œuvre de Chaïm Soutine, artiste d’origine russe représentant du mouvement de l’École de Paris au début du XXe siècle.
Prenant en considération l’évolution stylistique de Soutine, à partir de ces premiers expérimentations sur le paysage, il est intéressant de focaliser notre attention sur le paradigme esthétique de « la corporéité » et sur le paradigme esthétique de « la chair » développés dans les analyses de Merleau-Ponty, dans l’intention d’une remise en question du modèle figuratif de la représentation.
Sur l’exemple de Cézanne, la peinture de Soutine traduit l’expression d’une union entre « volonté formelle et sensations » qui libère l’image de ces contenus représentatifs. Notre analyse de ses natures mortes, et surtout du motif de la chair dans la série du « bœuf écorché », abordera le credo esthétique de l’artiste pour comprendre comme la liberté qu’il attribue à l’image est dans le même temps l’expression d’un style propre à l’image, d’une autre façon de mettre en image. L’œuvre n’est pas dépositaire d’une signification déjà constituée mais affirme sa propre « dynamique » expressive, qui est son « faire image ». La rencontre avec elle demande la preuve d’une « energeia » du regard pour suivre l’articulation des éléments rythmiques propre à l’œuvre.
À partir d’une réflexion qui investit « le corps » et le mouvement propre à l’image dans la peinture, on peut lire la pratique de Soutine comme un procédé plus proche de ce qui est aujourd’hui l’espace de l’installation dans l’art contemporain. L’œuvre pour Soutine n’existe pas sans un processus proche de la performance qui devient lui même l’œuvre. L’expressivité matérielle de l’installation consiste en une capacité de conversion dynamique de l’espace « ordinaire » en un lieu polarisé par l’œuvre. Elle subvertit toute les catégorie d’une objectivité ostensive en faisant signifier ses signes et son espace par elle même. Pour confirmer notre hypothèse nous proposons une analyse de la pratique créative de Soutine pour souligner l’originalité et l’actualité de son discours esthétique.